Récemment, la rencontre professionnelle de football Reims-le Havre a été reportée en raison du décès soudain, la veille, de Samba Diop (joueur de l’équipe réserve du Havre âgé de dix-huit ans). Quelques semaines plus tôt, le match Tours-Valenciennes et une rencontre en Italie avaient été reportées pour des raisons analogues.

Pour chacune de ces rencontres, la question de reporter ou non le match s’est posée. Quelle décision prendre ?

Les partisans du report de la rencontre considèreront que les joueurs étaient trop affectés pour jouer et / ou que ne pas jouer est une façon de marquer le deuil, de respecter la douleur des proches (dont les coéquipiers du défunt).

D’autres estimeront en revanche que jouer aurait tout autant honoré la mémoire du défunt, l’aurait respecté en accomplissant ce qui lui tenait à coeur… et qu’en son honneur, une énergie insoupçonnée aurait pu animer ses coéquipiers. Des arguments très peu entendus car peu audibles dans ces contextes tragiques.

Je me souviens pourtant avoir assisté à Reims en 2012 pour la première fois à une minute d’applaudissements dans un stade plutôt qu’une minute de silence, pour rendre hommage à un très proche du Stade de Reims. Depuis, j’ai revu ce type d’hommage à plusieurs reprises. Le proche en question aimait la vie, le club et aurait préféré ce bruit festif au silence.

« La vie continue », c’est une phrase que nous a souvent répété ma mère en évoquant des épreuves, des coups du sort, des tragédies. Elle me semblait plutôt légitime pour dire cela, elle qui avait notamment perdu ses parents très jeune.

A l’époque (pas si lointaine) je ne réalisais pas forcément ce que le deuil d’un proche représentait. Mais aujourd’hui beaucoup plus… et je me rallie volontiers à l’idée que la vie doit continuer, prendre le dessus, même si il faut du temps pour prendre la mesure de ce principe et l’appliquer.

Dans le cas des rencontres évoquées plus haut, c’est précisément la brutalité des disparitions et le manque de temps entre le décès et le match qui ont poussé à reporter ces rencontres. Les dirigeants du Havre ont précisé que leurs joueurs se sentaient incapables de jouer et que si Reims voulait maintenir la rencontre, ils déclareraient forfait. La décision des dirigeants du Stade de Reims devenait dès lors évidente : comment remporter un match par forfait dans ces conditions ? A fortiori quand on est largement en tête de son championnat. Les dirigeants de Reims n’avaient plus qu’à accepter le report de la rencontre proposé par la Ligue de Football Professionnel.

Pour la petite histoire, les joueurs du Havre ont repris le championnat la semaine suivante et ont gagné leur match. Une semaine est sans nul doute insuffisante pour faire son deuil, mais peut-être pas pour illustrer cette idée que la vie continue ? Un argument à prendre en compte en tout cas dans ce type de décision.

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